J’aimerais te dire que c’est le titre du livre que je suis en train d’écrire à propos de ma grande aventure de la paternité. Un livre de contes et d’histoires enfantines écrit pour et grâce à lui pour l’aider à s’endormir tous les soirs.
Malheureusement, il n’en est rien… Je dois t’avouer que ça fait un moment que cet article me trotte dans la tête. Je repousse le début de sa rédaction depuis des semaines. Le déroulement des événements m’a donné raison.
On m’aurait menti ?
Avant la naissance de Soën, j’ai croisé des tas de parents avec des enfants en bas âge. Excepté une période un peu complexe jusqu’à 1 mois, le sommeil de bébé ne semblait pas être un problème majeur. Tout me semblait être une question de routine :
- Bébé se réveille
- Maman ou papa nourrit le petit (question de configuration : allaitement ou biberon)
- La couche est changée
- Un câlin, un bisou et hop on est reparti pour une grosse sieste
4, 5 ou 6 semaines après la naissance, le petit trésor se cale sur un cycle alternant phases diurnes et nocturnes. Bref, les parents en chient pendant un temps limité avec l’espoir annoncé du retour de vraies nuits complètes.
Le pire dans tout ça, c’est que je n’ai pas de souvenirs marquants de personnes proches qui m’auraient relaté une vraie galère autour du sommeil de leur nourrisson. Est-ce que ces mauvais souvenirs se délitent avec le temps ? Ou est-ce qu’il existe une sorte d’omerta transgénérationnelle pour s’assurer de la préservation de l’espèce ? 😀
Notre méfiance a été endormie trop facilement. Soën nous a rapidement proposé un rythme nocturne assez convenable avec un ou deux réveils plutôt bien réglés par nuit. Il se réveillait, il mangeait et digérait tranquilllement. Puis nous le changions et retour au lit pour un nouveau cycle de sommeil de quelques heures. Nos corps se sont vite habitués à cette routine.
Cela nous allait très bien en attendant le fameux moment où nous pourrions répondre OUI à la grande question qui angoisse tout le monde : Alors il fait ses nuits ? Comme s’il s’agissait d’un concours ancestral et pervers entre parents pour savoir quel bébé était le plus doué ! Un combat d’ego qui déterminerait qui serait le meilleur parent ?!
Nous aurions dû faire preuve de plus de vigilance. Nous avions déjà de précieux indices à notre disposition. Soën n’a jamais beaucoup dormi la journée. Dès le premier mois, il était capable de nous faire des journées d’adultes en ne dormant quasiment pas.

Montagnes russes émotionnelles
Je pense que tu as bien compris où je t’emmène. Les choses ne se sont pas arrangées depuis. Je t’avais déjà donné un aperçu de la période du mois 2 au mois 3 (cf Enfer parental) où nous étions dans le dur. Si nous savions ce qui nous attendait…
Quand chacun trouve son rythme
Avant de plonger dans l’obscurité, prenons une bonne dose de lumière.
Après un deuxième mois de cohabitation compliquée, les choses avaient commencé à se mettre en place tant bien que mal. Les siestes pendant la journée étaient encore une exception mais les nuits devenaient plus prévisibles. Nos corps commençaient à s’habituer à ces périodes de sommeil fractionné. C’était souvent l’occasion de moments très agréables après la têtée, juste avant le change et le retour au lit : discussions intenses, rigolades et exercices de motricité. C’est fou tout ce qu’on peut faire à 3h du mat’ !
Nous espérions une amélioration mais nous étions plutôt satisfaits de notre sort de jeunes parents. Nous avions conscience que d’autres, dans la même situation que nous, étaient réveillés toutes les 2 heures. Le plus dur à surmonter étaient les journées où le manque de périodes de repos rendait Soën très irritable. Entre 1 et 3 heures de lutte intense pour que finalement il finisse par s’endormir d’épuisement et lancer sa nuit.
A l’orée de son 5ème mois, nous y avons cru très fort. Les siestes devenaient de plus en plus monnaie courante. Le moment du coucher de plus en plus calme et réglé. Nous avions même, à quelques occasions, apprécié des presque nuits complètes.
Puis tout dérape
Il est difficile de déterminer avec certitude pour quelle raison la situation nous a échappé. Nous avons mené quelques recherches entre 2 crises de nerf, de découragement et d’épuisement. Il est beaucoup plus probable que ça soit un faisceau de diverses causes qui se sont entremêlées.
Une chose est sûre. Nous savons quand la situation nous a glissé entre les doigts pour devenir ce chaos existentiel. Nous avions remarqué qu’à chaque fois que nous allions chez le pédiatre pour les vaccins nous avions quelques jours très compliqués qui suivaient. Sûrement dû à une prise en charge qui manquait de douceur. Par simplicité, nous avions continué à nous rendre au service pédiatrique à l’hôpital où le petit est né. Le gros problème : il n’y a pas de pédiatre attitré. Ils font des gardes de 15 jours. Et celui qui a fait tous les vaccins de Soën est celui qui est le moins doux. Il fait son taf correctement mais dans l’urgence et sans se mettre un tout petit peu à la place du pauvre bébé qui se demande ce qui lui arrive.
Les vaccins des 5 mois ont été rudes. Contre 2 types de méningites. Nous avons accusé le coup en nous rassurant que c’était une question de jours. Malheureusement ce n’était que les prémices de la sarabande démoniaque.
A sa décharge, beaucoup de nouvelles choses se sont mises en place :
- La diversification alimentaire
- Les premières journées chez la nounou
- La reprise du travail de Sandrine
Lorsque tu vis avec un gosse très actif qui vit assez mal le moindre changement, c’est vite la catastrophe !
Son rythme fébrile a volé en éclats. Son irritabilité a grimpé en flèche. Notre fatigue a augmenté de manière exponentielle. Le terreau fertile du n’importe quoi ! Au programme mes chers papas : nuits entrecoupées toutes les 2 heures, siestes erratiques, crises de larmes, débordements de colère (Tu n’as jamais vu un bébé de quelques mois se transformer en Hulk ? Le film mériterait d’être produit à Hollywood !). Les 2 parents au bord du suicide ne réussissant plus à communiquer, ni à savoir quoi faire. Chaque jour était différent du précédent avec ses événements ubuesques.
Notre kit de survie
Il paraît que devenir parents c’est se remettre en question quotidiennement. Je peux te dire que nous avons appliqué cette règle de vie avec assiduité. Qu’est-ce que nous faisons mal ? A-t-il mal quelque part ? Est-il malade ?
Dans un moment de discernement, nous avons mis en place un rituel de coucher en identifiant les choses que nous faisions chacun de notre côté et qui semblaient fonctionner. Ca n’a pas été une réussite immédiate mais nous avons obtenu des résultats prometteurs.
Nous avons parcouru des dizaines d’articles sur le sommeil infantile et écouté un nombre incalculable de conseils de proches ou de professionnels de la santé (nous avons fait 2 séances chez l’osthéopathe). Entre incompréhension manifeste et certitudes dues à une expérience de la parentalité, nous en sommes rapidement arrivés à la conclusion que nous allions devoir nous débrouiller seuls. Un sentiment profond de découragement nous a très souvent envahi.
La situation a continué à empiré. Nous avions identifié le problème majeur. Sandrine a fini par trouver sa dénomination : la dette de sommeil. En gros, le sommeil appelle le sommeil. Si un manque s’installe, il se creuse petit à petit et donne naissance à un petit monstre constamment fatigué. Tu ajoutes à cela la peur de la séparation (phénomène naturel plus ou moins marqué chez les enfants en très bas âge) lorsque le marchand de sable passe. Tu obtiens un cocktail explosif.

Nous avons également découvert au cours de nos recherches que Soën répondait point par point à tous les critères d’un enfant BABI aka Bébé Aux Besoins Intenses. On les appelle aussi les bébés koalas. Ca te donne une idée assez précise de notre quotidien. Selon les statistiques, ça concerne 1 enfant sur 10. Pas de bol ! J’en reparlerai à l’occasion d’un post dédié.
J’ai arrêté de compter les soirées assaisonnées de pleurs et de luttes titanesques contre le lâcher prise indispensable à un repos plus que nécessaire. Quand tu te retrouves à savourer la ridicule victoire d’une sieste de 30 minutes, tu as touché le fond. Déguste chaque instant de calme autour d’un p’tit verre avec ta moitié. Ca devrait être prescrit et remboursé par la Sécu !
Tous les conseils théoriques sont bons à connaître. Mais il n’existe pas de formule magique applicable à tous les enfants. Si ton bébé préfère s’endormir dans tes bras, laisse-le faire. L’autonomie viendra tôt ou tard. S’il a besoin du téton de maman pour se calmer, offre-lui.
J’écris ces lignes au calme. C’est plus simple pour poser des idées claires. Certains jours le sentiment d’inutilité me submerge. Celui de la solitude aussi. Sentiments partagés de son côté par Sandrine. Tout le monde nous répète que c’est juste un mauvais moment à passer… Ca reste dur à vivre.
Petites étoiles…
… dans la nuit sombre. Nous goûtons à la douceur de l’espoir depuis quelques semaines. Pas de quoi entonner un hymne triomphal mais tous nos efforts et vaines tentatives semblent commencer à payer.
Nous avons profité de la semaine où la nounou était en vacances pour combler cette dette du sommeil. Je me suis mis en vacances forcées pour être 100% disponible les journées où sa maman était au travail. Nous avons multiplié les promenades en poussette pour créer artificiellement des périodes de repos. Nous avons testé la méthode chrono-dodo. Tout au moins une forme hybride dans la mesure où nous n’avons pas encore acheté le livre qui la présente dans son intégralité. A force d’observations, nous avons réussi à identifier certains signes annonciateurs d’un sommeil efficace.
Au bout de quelques jours, Soën réussissait à s’endormir en autonomie. Autrement dit, posé dans son lit encore en éveil jusqu’à ce qu’il glisse de lui-même dans les bras de Morphée. Nous avons même réussi à profiter de notre premier weekend en famille dans le calme à la fin de cette semaine riche en apprentissage. Un régal !

Bon, il y a eu le retour chez la nounou avec de nouveaux changements de rythme et d’habitude. Tout est parti en miettes. J’étais désespéré, abattu et profondément en colère. Sentiment ridicule mais bien présent. Tu sais de quoi je parle, jeune papa. C’est un sentiment qui surnage souvent. Comme une flaque de pétrole sur une mer bleu azur.
Comme toute phase d’apprentissage, lorsque tu bloques à un stade, tu repars des bases et tu t’y tiens jusqu’à la nouvelle amélioration, avant de passer au degré supérieur. Et les choses finissent plus ou moins par rentrer dans l’ordre.
Les nuits sont loin d’être parfaites. Nous retrouvons de plus en plus régulièrement le cycle auquel notre petit trésor nous avait habitué. Ces nuits sont des bouées d’oxygène pour faire face aux nuits chahutées où il finit dans notre lit et nous réveille toutes les 2 heures. Depuis quelques jours, il arrive à nouveau à s’endormir par ses propres moyens. Cela reste fragile mais j’ai la sensation que nous sommes dans la bonne direction.
Et toi jeune père aux cernes proéminentes, comment vis-tu les premiers mois de ton enfant ? Ton expérience et tes anecdotes m’intéressent ! Partage-les en commentaires 😉
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